Les élèves au parcours migratoire difficile Que peut-on faire en classe ?

Contexte

Autant en classes d’accueil qu’en classes régulières, nos écoles reçoivent des élèves pour qui l’arrivée au Québec n’est pas nécessairement une expérience heureuse. Les expériences difficiles s’inscrivent dans un large spectre : séparation des amis ou de membres de la famille, perte de statut social à l’école ou de la famille, décès d’êtres chers, départ précipité, déplacement de plusieurs mois ou années, contexte de guerre et de destruction.

Ces expériences ont un potentiel traumatisant extrêmement variable d’un individu à l’autre. Les effets de ces expériences peuvent s’extérioriser par des comportements incompatibles avec le déroulement d’une routine de classe, autant par des actions dérangeantes que par la passivité.

Saviez-vous que…

  • Tout élève immigrant vivant les effets d’un deuil ou d’un traumatisme n’est pas en difficulté d’adaptation ou en troubles de comportements. De plus, ces effets peuvent être temporaires et on ne peut pas parler d’élèves « hypothéqués » qui ne pourront jamais guérir de leur expérience traumatisante.
  • Il peut arriver que les parents, eux-mêmes très accaparés par la reconstruction de leur vie au Québec, soient peu disponibles pour l’accompagnement émotif de leur enfant.
  • Le stress généré par une intégration scolaire difficile peut aggraver celui généré par l’expérience migratoire difficile.
  • Bien que les interventions d’une professionnelle puissent être nécessaires auprès des élèves vivant les effets de parcours migratoires, ces interventions ne sont pas les seules pratiques à pouvoir être bénéfiques pour les enfants.
  • Le climat de la classe peut avoir un effet important sur le bien-être psychologique des élèves et leur sentiment d’appartenance à l’école.
  • Sans être thérapeute, l’enseignante peut créer des espaces de dialogue entre élèves où ils se sentiront à l’aise de partager leurs expériences et leurs émotions. Le groupe d’élèves et les nouvelles amitiés qui s’y forment peuvent avoir un impact très positif sur chacun des pairs.

Que faire maintenant?

  • S’inspirer des principes et des pratiques de La classe kangourou qui favorisent la sécurité affective d’un élève et l’établissement d’un lien d’attachement le plus sécurisant possible avec les adultes significatifs. Par exemple :
    • Aménager la classe pour faire des rencontres individuelles ou des ateliers avec un sous-groupe d’élèves;
    • Laisser place à l’apprentissage par le jeu;
    • Planifier des journées structurées et prévisibles;
    • Organiser des activités impliquant les adultes comme le jeu, les repas, la lecture, les conversations;
    • Développer l’estime des élèves à travers une relation chaleureuse de qualité avec les adultes;
    • Décoder les besoins de sécurité affective de l’élève pour l’apaiser et intervenir efficacement.
  • Mettre en œuvre les pratiques proposées par le guide Mener des groupes de parole en contexte scolaire qui vise à favoriser l’intégration sociale et scolaire des élèves réfugiés en développant leur sentiment d’appartenance à l’école, leur bien-être psychologique et celui de leurs familles. Le guide propose un cadre d’intervention à l’intention des enseignantes, qui crée un espace sécuritaire de dialogue propice à aborder progressivement des thèmes liés à l’expérience migratoire comme le voyage, la différence, la mort et les pertes, la famille et l’identité.
  • Demander la collaboration des professionnelles de l’école pour la mise en place de pratiques bienveillantes en classe. Il est important de rappeler d’une part qu’un élève n’a pas besoin d’avoir reçu un diagnostic pour bénéficier de services professionnels, d’autre part que les classes d’accueil ne doivent pas être exclues des services à l’élève.

Pour en savoir plus

Version pdf de cette capsule: Capsule – Parcours migratoires difficiles

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